Charles Elias Chartouni/Sommes nous dans l’irrémédiable?شارل الياس شرتوني: هل نحن أمام اللاعودة

60

Sommes nous dans l’irrémédiable?
Charles Elias Chartouni/March 10/2021
شارل الياس شرتوني: هل نحن أمام اللاعودة

L’état d’effondrement est abyssal et systématique et pourtant les oligarchies en place sont loin d’être alertées par les entropies généralisées qui ont atteint l’ensemble des secteurs (financier, économique, social, sanitaire, éducatif, environnemental, humanitaire et logistique). Face à cette situation qui a été délibérément montée par les oligarchies régnantes tout au long des trois dernières décennies, il est inconcevable de s’abriter derrière des faux-fuyants et des dénis pour dissimuler une réalité qui échappe désormais à tout contrôle.

Il est impératif de se rendre compte d’un ensemble de faits incontournables: la réalité des fractures transversales, la volonté délibérée de blocage amplement attestée par la mouvance du fascisme chiite, l’impossibilité de mener à bien un travail de réformes en l’absence d’un consensus minimal entre les divers acteurs, et la mise en œuvre d’un statut de neutralité qui mettrait le pays à l’abri des politiques de puissance régionale et internationale.

La situation de blocage politique qui rend aléatoire la formation d’un cabinet ministériel est non seulement intentionnelle, mais elle s’inscrit dans le cadre d’une politique de sabordage qui vise les institutions démocratiques, les consensus normatifs qui les encadrent, et la légitimité nationale du pays.

En faisant fi de la gravité des enjeux et de la dégradation dramatique des conditions de vie des libanais au profit des luttes d’influence sans rebords, la politique du pire entretenue par les fascismes chiites, semble accommoder les intérêts politique et financier des oligarchies en lice, et permettre aux politiques de déstabilisation régionale d’étendre leur espace opérationnel, moyennant des complicités internes aux étayages multiples.

Cette situation pave la voie à des scénarios délétères, de dysfonctionnements systémiques multiples, d’ensauvagement généralisé, de guerres civiles à trajectoires croisées, et de chaos institutionnalisé. Il semble invraisemblable de finir avec cet état de désagrégation avancé en l’absence d’un mécanisme d’arbitrage international qui permette de mettre au point des stratégies de transition à géométrie multiple, de faire respecter les résolutions internationales 1559, 1680 et 1701, de rendre possible la désintrication des enjeux politiques (intérieur-extérieur), la formalisation statutaire de la neutralité, et l’agencement d’une stratégie d’assainissement des finances publiques à modulations multiples ( audits financiers intersectoriel et ministériel, pénalisation de la criminalité financière moyennant des recours judiciaires domestique et international, restructuration du système bancaire en rapport avec les normes de Bâle (1,2,3), la réorganisation de la Banque Centrale, les réformes structurelles de l’économie, de l’éducation, et des configurations professionnelles…).
Il est impossible d’envisager cette politique de désintrication, à moins de mettre fin à l’extraterritorialité politique et juridique du Hezbollah et des camps palestiniens, de prévenir les dynamiques d’hybridation des conflits et d’expansion des vides stratégiques, d’alignement aux pôles régionaux et de leurs dynamiques conflictuelles afférentes, et de prendre part aux négociations internationales qui visent la stabilisation des géopolitiques régionales en éclat.

La situation de blocage met en relief une volonté de sabotage délibérée et une stratégie de subversion qui avancent à coups de verrouillages multiples qui se manifestent à tous les niveaux de la vie publique. Moyennant l’état actuel des choses nous nous acheminons vers des scénarios de pourrissement généralisé et de guerres emboîtées, et il est manifeste que les fascismes chiites et les oligarchies aux complicités électives ne semblent pas préoccupés par les évolutions qui peuvent en découler. Il est impératif à tous les libanais qui s’estiment menacés par ces développements de préempter les processus en cours et opter pour une stratégie de décrochage qui s’organise au croisement des coalitions internes, des médiations internationales et des alliances extérieures qui mettraient fin aux politiques discrétionnaires d’une subversion en acte. À défaut de cela, nul n’est tenu à l’impossible.