Charles Elias Chartouni: La guerre en Ukraine entre enlisement et terreur/شارل الياس شرتوني: الحرب في أوكرانيا بين الركود والرعب

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شارل الياس شرتوني: الحرب في أوكرانيا بين الركود والرعب

La guerre en Ukraine entre enlisement et terreur
Charles Elias Chartouni/Mars 25/2022
is de réfugiés et de déplacés atteint des sommets avec dix millions d’ukrainiens jetés sur les voies de l’exil involontaire à travers les contrées de l’intérieur et celles de l’UE. L’aspect le plus redoutable dans cette guerre est le mépris des vies humaines qui caractérise la conduite de guerre russe, qui ne fait que répercuter un état d’esprit typique de la tradition soviétique, et un ethos guerrier qui n’a rien avoir avec la tradition de la guerre juste qui distingue la culture stratégique des armées occidentales. La politique de la terre brûlée avance, sans vergogne, sur les décombres des villes ukrainiennes, et à coup de bombardements aveugles qui ciblent délibérément et indistinctement les zones urbaines, les populations civiles et les installations nucléaires, tout en laissant planer des relents d‘escalade nucléaire et d’ascension aux extrêmes.

Ce qui inquiétant c’est que cette stratégie de guerre totale ne laisse aucune place à la diplomatie, aux médiations et au règlement négocié des conflits. Cette guerre nous place dans une logique d’enferrement avec un autocrate imperméable à toute démarche discursive et de réciprocité morale qui permette de se déprendre de cette embrouille aux arêtes fluctuantes. Face à la coalition des démocraties occidentales et aux échanges intenses que cette guerre a impulsés, la situation en Russie nous renvoie aux enfermements psychotiques d’un dictateur qui n’a d’autre réponse que la violence et la logique meurtrière implacable d’un psychopathe qui ne reconnaît aucune règle et s’inscrit dans un registre d’incivilité et de violence absolue. Cette situation est d’autant plus inquiétante qu’elle révèle l’état lamentable d’une Russie qui n’arrive pas à se dégager des paradigmes du despotisme oriental, de l’”État meurtrier”, de l‘État totalitaire, et du cynisme discrétionnaire du bolchevisme qui avalise toutes formes d’incivilité au nom de la Machtpolitik.

La grande question qui se pose à l’heure actuelle est celle de l’évitement de l’ascension aux extrêmes, la prévention de l’usage du nucléaire, la mise en place d’une stratégie de dissuasion dans la durée,et l’enrayage de la dynamique de pourrissement tentée par Poutine. Nous nous retrouvons, derechef, dans une dynamique de guerre froide dépourvue de toutes règles et de tout encadrement, y compris celui du conseil de sécurité présidé, ce mois ci, par la Russie. La guerre en Ukraine est métonymique à plus d’un titre, mais elle nous renvoie plus particulièrement aux réalités disparates d’une société internationale aux vides normatifs béants, aux arbitrages extrêmement fragilisés, et à la re-émergence d’un totalitarisme sans nom.