Le Hezbollah, la coalition oligarchique et la politique de l’omission délibérée/شارل الياس شرتوني: حزب الله، الائتلاف الأوليغارشي وسياسة الإغفال المتعمد

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شارل الياس شرتوني: حزب الله، الائتلاف الأوليغارشي وسياسة الإغفال المتعمد
The Hezbollah, the oligarchic coalition and the policy of the deliberate omission
Le Hezbollah, la coalition oligarchique et la politique de l’omission délibérée

Charles Elias Chartouni/Novembre 15/2021
Olivier de Schutter, juriste belge et rapporteur spécial des Nations Unies sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme, au terme d’une mission de 12 jours dans notre pays, prend acte de “l’inaction” des oligarques libanais face à “l’appauvrissement rapide de la société libanaise”. Ce constat répercute ce que des générations d’experts internationaux et d’ONG n’ont cessé de dire et redire depuis trois décennies. Loin de s’employer à résoudre les problèmes humanitaires qui n’ont cessé de proliférer depuis le début de la crise financière, en s’interdisant les réformes financières qui étaient censées mettre fin aux cercles concentriques de la dévaluation monétaire, de la stagflation, de la montée exponentielle du chômage et de la paupérisation, ou de tisser des filets de sécurité sociale intermodale, la coalition oligarchique au pouvoir, s’est cantonnée dans un attentisme qui atteste une volonté délibérée de précipiter l’effondrement de l’État libanais, déjà éprouvé par des décennies d’incurie, de corruption, de clientélisme et de découpage patrimonial des ressources publiques, et de subordination aux instances de tutelle régionale.

Le constat d’Olivier de Schutter entérine, une fois de plus, l’hypothèse d’un sabotage intentionnel de toutes sortes d’entreprises réformistes, et de prise en charge des dossiers sociaux, de reconstruction et de solidarité inter-sectorielle et transversale que les implosions financière, sociale et sécuritaire ont induits. Les moindres obligations qui devaient échoir à un État de droit ont été non seulement écartées, mais elles ont été subverties au bénéfice d’une stratégie communautaire de domination montée par le Hezbollah et ses acolytes, et amplement attestée par la politique de suzeraineté à l’endroit de l’Iran et la mutation criminelle d’un État prédateur, et les intérêts oligarchiques qui ont pactisé avec la stratégie de tétanisation du Hezbollah en vue de sanctuariser les acquis d’une fraude monumentale. Nous sommes véritablement devant un crime qui porte atteinte aux droits de l’homme, au concept même de l’État de droit, et aux droits fondamentaux d’un peuple spolié de ses ressources publique et privée et menacé dans sa survie, alors que les soi-disant dirigeants assistent impassiblement à cet effondrement et sont coupables de meurtre prémédité.
Ce constat est doublé d’une volonté de destruction du capital social (éducatif,sanitaire,social, entrepreneurial…), alors que l’économie criminelle et souterraine avance au détriment des équilibres homéostatique et dynamique d’une société en phase avec la modernité depuis plus de cent ans.

Les libanais ont exprimé, à travers la rébellion civique, leur refus et leur détermination à casser les verrouillages oligarchiques imposés au croisement de l’intérieur et de l’extérieur, et leur opposition au Hezbollah qui cherche à les exploiter à des fins de domination et de subversion à géométrie variable. L’échéance électorale à venir (Assemblée nationale et Présidence de la République) saurait elle venir à bout de cet état de blocage et paver la voie à une transition démocratique, rien n’est moins sûr, surtout que la paix civile est remise en question, la viabilité des institutions démocratiques est à la merci d’une politique de subversion adroitement orchestrée par le Hezbollah, et la gouvernance intérimaire relève de la gesticulation et de la simulation sans autre forme de procès. Entre-temps les libanais sont expropriés, affamés, soumis à des régimes variables de servilité et voués au feu des incendies d’un pays aux incandescences multiples.