Charles Elias Chartouni: La fin tragique d’une république bananière/شارل الياس الشارتوني: النهاية المأساوية لجمهورية الموز

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 شارل الياس الشارتوني: النهاية المأساوية لجمهورية الموز
La fin tragique d’une république bananière
Charles Elias Chartouni/Octobre 09/2021

Le simulacre gouvernemental, la tutelle iranienne et le démantèlement systématique de l’État libanais récapitulent de manière sommaire la situation politique au Liban. Il est désormais inutile de s’appesantir sur les intrications politiques des oligarques qui affichent leur vraie couleur, celle d’être la courroie de transmission d’une mainmise directe de la république islamique iranienne. La visite du ministre iranien des affaires étrangères et les démarches tapageuses du régime iranien ne font que répercuter la vélocité d’une politique de mainmise qui ne s’embarrasse plus de mise en scène, de détours, ou de reconnaissance formelle d’une soi disant république libanaise, la politique du Hezbollah a fini par cannibaliser le Liban sans autre forme de procès et par réduire à néant la fiction étatique. Somme toute, il n’y a plus de vie politique libanaise et tout l’ébruitement en cours n’est que théâtre d’ombre qui ne renvoie qu’aux vides d’une vie politique éviscérée et dépourvue de toute substance.

La nature intercalaire de la vie politique libanaise dénote une évolution inquiétante dans la mesure où on assiste pour la première fois à la mort des dynamiques endogènes de la vie politique libanaise au profit d’une annexion de fait qui s’effectue par l’entremise d’une politique de subversion pilotée par le régime islamique iranien. La crise endémique de la souveraineté libanaise est un fait historique largement étayé durant le centenaire mouvementé de la république libanaise, mais ce qui la distingue, à l’heure actuelle, c’est l’affaissement progressif de toute velléité de résistance et des cadres institutionnels de la vie politique libanaise qui n’existe plus que par prétérition. Le présumé compromis entre l’oligarchie sunnite et le Hezbollah s’avère illusoire dans la mesure où il n’a servi que de relais à la mainmise chiite via la formation d’un gouvernement de pantins qui ne sont, en réalité, que les mandataires d’une occupation de fait.

La déficience congénitale de ce gouvernement ne fait qu’entériner les réalités des condominiums alternatifs qui ont scandé la république de Taef (syro-saoudien, syrien, iranien, turc), et annoncer le début d’une nouvelle phase de liquidation de l’entité nationale libanaise au bénéfice d’une nouvelle géopolitique inchoative qui évolue au gré de la politique expansionniste de l’Iran. L’absence d’un programme de réformes aux articulations et échéances précises ne font que révéler la nature intérimaire et fallacieuse de ces formations gouvernementales alternées, dont le but est de dissimuler les stratégies de l’ombre qui projettent l’effondrement insidieux d’une république déboulonnée.